Les tumeurs mammaires chez le chat

Les tumeurs mammaires chez le chat

Présentation des tumeurs mammaires

Qu’est-ce que c’est ?
Quels animaux sont concernés ?
Quels en sont les symptômes ?

 

Le diagnostic des tumeurs mammaires

La suspicion diagnostique
La confirmation du diagnostic
L’établissement du stade clinique
Le Pronostic

 

Le traitement des tumeurs mammaires

La chirurgie
La chimiothérapie

 

Présentation des tumeurs mammaires

 

Qu’est-ce que c’est ?

 

Les tumeurs mammaires représentent le troisième groupe de tumeurs le plus fréquent chez les chats après les tumeurs de la peau et les lymphomes. La plupart du temps ces tumeurs sont malignes (dans 85 % des cas).

Les tumeurs mammaires désignent un ensemble de tumeurs pouvant se développer au niveau des mamelles. Ainsi, on ne parle pas d’une tumeur mammaire, mais des tumeurs mammaires. Les chats on quatre mamelles, deux sont situées au niveau thoracique et deux au niveau abdominal. Les tumeurs peuvent affecter indifféremment l’une ou l’autre de ces glandes.

Quels animaux sont concernés ?

 

Les tumeurs mammaires peuvent concerner n’importe quel chat, bien qu’elles soient effectivement bien plus fréquentes chez les femelles que chez les mâles. Ces derniers représentent seulement 1% à 5 % de l’ensemble des cas de tumeurs mammaires.

Le plus souvent, ces processus tumoraux concernent des chattes âgées, non stérilisées. Le risque de développer ces tumeurs augmente effectivement avec l’âge.

Certaines races sont suspectées d’être plus à risque comme les Siamois et les chats de race Orientale.

Le développement des tumeurs est influencé par l’exposition aux hormones produites par les ovaires (les œstrogènes et la progestérone). D’après une étude réalisée en 2005, on peut réduire le risque que des chattes développent des tumeurs mammaires si elles sont stérilisées avant l’âge de 2 ans. Ce bénéfice est encore plus marqué avant l’âge de 6 mois et l’âge d’un an (réduction de 91% et de 86 % du risque respectivement). Cependant, la stérilisation ne supprime pas totalement ce risque !

Si ces considérations s’appliquent aux hormones produites naturellement par la chatte, elles s’appliquent aussi à l’administration d’hormones visant à prévenir ou à interrompre les chaleurs (les fameuses « pilules »). Le risque de développer les tumeurs serait ainsi augmenté de plus de 3 fois pour les chattes à qui l’on donne régulièrement la pilule contenant des progestagènes. Par ailleurs, leur utilisation chez le mâle favorise aussi l’apparition de tumeurs mammaires.

 

Quels en sont les symptômes?

 

Les tumeurs apparaîtront sous la forme d’un ou plusieurs nodules ou masses en regard ou à proximité des mamelles. La présence de multiples masses au niveau des mamelles au moment du diagnostic est assez fréquente, plusieurs mamelles peuvent donc être atteintes en même temps.

La taille de ces tumeurs dépendra de l’ancienneté de la tumeur et de la rapidité de croissance de cette dernière. Selon leur taille, les tumeurs mammaires seront visibles ou bien uniquement palpables. La taille de la tumeur peut s’accroitre sensiblement au cours du temps et la masse peut éventuellement devenir inflammée (l’inflammation s’exprime par ces 4 signes : une rougeur, de la chaleur, de la douleur et un gonflement), elle peut aussi s’ulcérer et s’infecter.

Il est intéressant de manipuler et de palper régulièrement les chaines mammaires de votre chat pour détecter au plus tôt ces tumeurs et ainsi pouvoir les traiter rapidement.

Les tumeurs malignes peuvent métastaser par voie lymphatique, au niveau des nœuds lymphatiques (nœuds lymphatiques axillaires et inguinaux). Ce signe clinique, appelé adénomégalie, peut aussi être causé par d’autre affections. Il faudra rechercher les métastases  dans ces nœuds par analyse cytologique ou histologique.

Les autres organes concernés par le développement de métastases sont, en premier lieu, les poumons puis, moins fréquemment, les plèvres et le foie. Le développement de métastases osseuses est rare chez le chat.

 

Bien qu’étant rares, des tumeurs mammaires, appelées carcinomes inflammatoires, peuvent se développer, ce sont alors des tumeurs agressives localement avec des métastases fréquentes.

Le diagnostic des tumeurs mammaires

 

La suspicion diagnostique

 

La suspicion diagnostique se fera suite à la palpation d’un ou plusieurs nodules/masses situés sur, ou en regard des mamelles. Elle sera d’autant plus forte si votre félin est une femelle, s’il est âgé, et qu’il s’agit d’une femelle stérilisée tardivement. Toutefois, toutes les masses mammaires ne sont pas forcément des tumeurs, d’autres affections peuvent exister comme des kystes, une fibroadénomatose, etc.

Il est important de réaliser ce diagnostic différentiel car le traitement et le pronostic sont radicalement différents entre ces différentes maladies. Par exemple, le retrait chirurgical d’une fibroadénomatose n’est pas conseillé, alors que c’est le traitement de choix pour les tumeurs mammaires.

 

La confirmation du diagnostic

 

La confirmation du diagnostic se fera par une analyse cytologique ou via une analyse histologique.

L’analyse cytologique permettra d’exclure des pathologies non tumorales notamment lors de suspicion de fibroadénomatose. Elle sera aussi utile pour la réalisation du bilan d’extension. (voir plus bas).

L’analyse histologique est réalisée, la plupart du temps, après le retrait de la tumeur, elle permettra d’obtenir un diagnostic définitif, d’affiner le pronostic et le cas échéant d’ajuster le plan thérapeutique. L’analyse histologique classera les tumeurs en bénignes ou malignes. Elle permettra aussi de déterminer le type précis de la tumeur pour mieux prévoir son comportement biologique.

Cette analyse permettra d’attribuer un grade, de 1 à 3, à la tumeur.

Enfin, cette l’analyse histologique permettra d’évaluer les marges d’exérèse pour vérifier que toutes les cellules tumorales locales ont été enlevées.

 

L’établissement du stade clinique

 

Le bilan d’extension va permettre de déterminer le stade clinique de la tumeur, de déterminer si des cellules tumorales se sont disséminées et si elles ont pu former des métastases.

Il faudra au préalable réaliser des analyses sanguines et urinaires pour vérifier l’absence ou la présence de complications pouvant impacter le pronostic, le traitement ou l’anesthésie. Ces examens sont d’autant plus nécessaires que la plupart des chats au moment du diagnostic sont âgés : on pourra ainsi rechercher des maladies courantes du vieux chat (une insuffisance rénale, une hyperthyroïdie, autres cancers etc.).

La première étape est un examen clinique minutieux incluant la palpation de toutes les mamelles mais aussi des nœuds lymphatiques. En effet, pour ces derniers, l’augmentation de taille, leur modification de consistance ou la modification de leur forme sera un élément permettant de suspecter une infiltration des nœuds lymphatiques par des cellules tumorales.

Les nœuds lymphatiques suspects et les nœuds lymphatiques axillaires et inguinaux devront être cytoponctionnés (si leur taille et leur localisation le permet) pour permettre la réalisation d’une analyse cytologique dans le but de rechercher des cellules tumorales infiltrant ces nœuds lymphatiques. Ce point est important car il faut déterminer si l’on doit enlever ces nœuds lymphatiques lors de la chirurgie. De plus, ce caractère revêt une importance pronostique. Les cytoponctions des nœuds lymphatiques pourront être échoguidées. Le nœud lymphatique pourra aussi être analysé histologiquement après son retrait chirurgical.

Des radiographies pulmonaires, avec 3 vues différentes, devront être réalisées pour rechercher des métastases pulmonaires. Une échographie est aussi recommandée dans la mesure où les organes abdominaux sont aussi des localisations possibles de métastases.

Un scanner peut se substituer aux radiographies pulmonaires et bien qu’étant plus cher et nécessitant une anesthésie générale, il permet de détecter des métastases beaucoup plus petites et se révèle donc un outil plus précis et plus fiable dans la recherche de métastases pulmonaires. Le scanner permettra aussi de rechercher des métastases localisées à d’autres endroits du corps, comme dans l’abdomen.

L’ensemble de ces examens permettra d’établir le stade clinique propre aux tumeurs mammaires. On distingue 4 stades cliniques. Le classement de la tumeur dans l’un ou l’autre de ces stades dépendra de sa taille, de la présence ou non de métastases au niveau des nœuds lymphatiques ou dans des organes distants.

 

Le Pronostic

 

La nature tumorale (c’est-à-dire le type de tumeur mammaire) est un élément pronostic majeur. Le pronostic sera influencé par le stade clinique : la présence de métastases, et les tumeurs de tailles importantes. Il sera aussi fonction du grade histologique : plus le grade est élevé plus il assombrit le pronostic. Enfin, la race semblerait également pouvoir influencer le pronostic : les pures races et en particulier les siamois semblent pâtir d’un plus mauvais pronostic.

Le traitement des tumeurs mammaires

 

La chirurgie

 

Le traitement de première intention est chirurgical. En raison de la fréquence élevée des tumeurs mammaires malignes chez la chatte on retirera quasi-systématiquement la chaine mammaire entière (c’est-à-dire le retrait des quatre mamelles du côté de la tumeur accompagnée d’une marge large). En effet, la possibilité que les tumeurs récidivent sur d’autres mamelles est loin d’être négligeable. Cette exérèse large permet de maximiser nos chances d’obtenir des marges indemnes de la présence de cellules tumorales (voir les marges d’exérèse).

En cas de présence de tumeurs mammaires sur des deux chaines mammaires de votre chat, l’idéal consiste à retirer les deux chaines mammaires, l’une après l’autre, à deux semaines d’intervalles.

Si possible, le chirurgien retirera le nœud lymphatique inguinal lors de l’intervention, en revanche le nœud lymphatique axillaire ne sera retiré que s’il présente des anomalies ou que la cytologie a révélé une infiltration du nœud lymphatique par des cellules tumorales.

 

La chimiothérapie

 

Il est conseillé d’associer d’autres traitements et notamment la chimiothérapie à la chirurgie lorsque le risque de métastase est élevé ou lorsque des métastases sont d’ores et déjà présentes.

Des traitements consistant en l’administration de doxorubicine, suite au retrait chirurgical de la tumeur, ont montré leur efficacité selon certaines études.