Déterminer l’extension d’une tumeur

Déterminer l’extension de la tumeur

 

Evaluer l’état de santé et rechercher des complications

Les objectifs de cette évaluation
Les analyses couramment réalisées

Explorer l’extension locale de la tumeur

Explorer l’extension régionale de la tumeur

Explorer l’extension à distance de la tumeur

 

Le bilan d’extension représente, avec le diagnostic de certitude, le cœur de la démarche diagnostique en cancérologie. Il permet d’évaluer la progression du cancer au sein de l’organisme, cette évaluation correspond à l’établissement du stade clinique. Une fois établi, il permettra de proposer un traitement adapté.

Pour comprendre son importance voici un exemple :
Un chat présente une tumeur mammaire palpable de grande taille avec des métastases pulmonaires mais ces dernières n’ont pas de conséquence clinique dans l’immédiat et on ne peut pas les voir car elles sont logées dans les poumons ; elles ne sont donc pas détectées lors de l’examen clinique. Si l’on réalise un retrait chirurgical de toute la chaine mammaire sans rechercher d’éventuelles métastases, alors on n’aura traité que la surface de l’iceberg avec des tumeurs qui continueront à se développer dans les poumons.

C’est pourquoi votre vétérinaire va vous proposer de réaliser ce bilan d’extension avant toute prise en charge thérapeutique. Il va s’intéresser à l’extension locale du cancer, à son extension régionale et à son extension générale. Il est possible de faire une comparaison géographique : la ville, la région, le pays !

      • Au niveau local, on s’intéresse à la tumeur en elle-même et à son rapport aux structures adjacentes.
      • Au niveau régional, on s’intéresse aux nœuds lymphatiques, plus communément nommés les ganglions: des cellules cancéreuses ont-elles envahi les nœuds lymphatiques ?
      • Au niveau général, on va rechercher des métastases à distance de la tumeur primaire. Selon le type de cancer, ces sites secondaires pourront être les poumons, le foie, la rate, etc.
      • ll faudra également évaluer l’état de santé et rechercher des complications éventuelles qui peuvent être liées au développement du cancer.

Evaluer l’état de santé et rechercher des complications

Une bonne partie de ce travail est réalisé au moment de la première consultation et de l’établissement du diagnostic. Cette évaluation nécessite un examen clinique complet, une discussion avec vous et des analyses sanguines et urinaires.

 

Les objectifs de cette évaluation

 

L’examen clinique permettra d’abord de décrire les tumeurs palpables, mais ensuite de détecter d’autres masses éventuelles (en effet, la tumeur primaire peut-être multicentrique, c’est-à-dire qu’elle se manifeste initialement par l’apparition de plusieurs masses). Il rend également possible la détection d’autres maladies concomitantes le cas échéant. Il est important de considérer ce dernier point car de nombreux patients sont âgés et sont donc susceptibles de souffrir d’une autre maladie intercurrente voire d’un second cancer.

Les analyses sanguines permettront quant à elles de rechercher des complications  comme des insuffisances organiques (comme une insuffisance rénale), des dysendocrinies mais aussi, des syndromes paranéoplasiques (voir les syndromes paranéoplasiques) comme une hypercalcémie, une hypoglycémie, etc. En cancérologie, on accorde une attention toute particulière aux syndromes paranéoplasiques. En effet, leur identification peut permettre un diagnostic plus précoce de la tumeur ; ils peuvent aussi être utilisés pour le suivi d’une thérapie (par exemple, pour surveiller le statut de rémission). Enfin, leur identification rapide et leur traitement peut permettre d’améliorer la qualité de vie de votre animal.

L’ensemble des éléments relevés au cours de l’examen clinique, au cours de la discussion et au cours des analyses sanguines, sera pris en compte dans l’établissement du pronostic et du traitement.

Les analyses sanguines, urinaires et l’examen clinique permettront d’évaluer les risques anesthésiques. En effet, une anesthésie pourra s’avérer nécessaire pour la réalisation du bilan d’extension et la réalisation des traitements (notamment pour un traitement chirurgical ou une radiothérapie).

 

Les analyses couramment réalisées

 

Parmi les analyses classiques, on peut réaliser :

    • Une numération formule sanguine, qui permettra de repérer d’éventuelles anomalies comme une augmentation du nombre de globules blancs pouvant témoigner d’une inflammation (elle peut être liée à une infection ou à un syndrome paranéoplasique par exemple) ou encore une diminution du nombre de plaquettes pouvant induire dans les cas sévères un état hypo-coagulable (important à prendre en compte lorsque l’on désire réaliser une chirurgie ou des biopsies par exemple).
    • Une analyse biochimique sanguine, qui permettra de mettre en évidence des désordres organiques. Le bon fonctionnement hépatique et rénal est d’autant plus important à contrôler en cas de chimiothérapie dans la mesure où les reins et le foie permettent d’éliminer les médicaments administrés.
    • La mesure des électrolytes sanguins (mesure des concentrations dans le sang d’ions : le calcium, le chlore, le sodium…). Elle est importante à réaliser pour certains cancers avant la mise en place d’un traitement et qui peut, par exemple, permettre de détecter des syndromes paranéoplasiques ou révéler les complications d’une insuffisance rénale.
    • Une analyse urinaire, qui permettra d’évaluer en partie la fonction rénale et de détecter d’éventuelles infections de l’appareil urinaire.

 

Explorer l’extension locale de la tumeur

 

Globalement, cette étape consiste à connaitre l’étendue de la tumeur localement et son rapport avec les structures adjacentes. À cet effet, l’examen clinique et la palpation de la tumeur (pour les tumeurs en surface) permettront dans un premier temps d’évaluer la taille de la tumeur, de voir si elle est circonscrite, d’évaluer sa consistance (ferme, semi-ferme, molle), sa mobilité, de repérer les tissus concernés (peau, tissus conjonctifs, muscles), de repérer des adhérences aux tissus sous-jacents, les effets sur les tissus adjacents, etc. Cet examen doit aussi permettre d’évaluer la possibilité de retirer la tumeur et dans quelles conditions (voir la section discutant du traitement chirurgical). Cet examen peut être complété par des examens d’imagerie médicale (scanner, échographie, radiographie) notamment pour des tumeurs susceptibles d’être agressives localement.

Pour les tumeurs profondes, on devra forcément recourir à des examens complémentaires pour « voir » la tumeur et évaluer son extension locale (échographie, radiographie, scanner, chirurgie exploratrice, endoscopie, IRM).

 

Explorer l’extension régionale de la tumeur

 

Certains cancers se disséminent par voie lymphatique. Des cellules tumorales peuvent donc infiltrer des nœuds lymphatiques (appelés ganglions dans le jargon courant) qui sont responsables de la filtration de la lymphe. Les nœuds lymphatiques présentent un territoire qui leur est associé et qu’ils « drainent » d’où le nom de nœuds lymphatiques sentinelles, encore appelés nœuds lymphatiques régionaux. Ce bilan va consister à rechercher ces éventuelles cellules tumorales disséminées dans les nœuds lymphatiques sentinelles du territoire ou siège la tumeur mais aussi dans les nœuds lymphatiques situés à distance de la tumeur. On pourra suspecter leur infiltration lorsque que l’on note une modification de leur caractéristiques comme, comme une augmentation de leur taille, une modification de leur forme, de leur consistance ou de leur mobilité. Certains nœuds lymphatiques peuvent ne pas être visibles et ne pas être palpables. En effet, on retrouve aussi des nœuds lymphatiques dans la cage thoracique ou dans la cavité abdominale, il faut donc recourir à des examens complémentaires pour les évaluer. On pourra ainsi utiliser la radiographie, le scanner, l’échographie.

Cependant, il n’y a pas que les disséminations de cellules tumorales qui produisent des changements de la morphologie des nœuds lymphatiques. Il faudra donc rechercher la présence de cellules cancéreuses dans les nœuds lymphatiques par le biais d’examens cytologiques et/ou histologiques. De plus, les nœuds lymphatiques peuvent être infiltrés par des cellules tumorales sans que l’on puisse visualiser ou sentir des anomalies dans leur forme, leur taille, leur structure ou leur consistance… Dans cette optique, pour certains cas, on peut être amené à cytoponctionner les nœuds lymphatiques normaux dont la localisation les prédispose à une infiltration par des cellules tumorales essaimées dans la lymphe (nœuds lymphatiques « sentinelles »).

On analysera par cytologie les nœuds lymphatiques suspectés d’être infiltrés en raison de leur morphologie/consistance ou en raison de leur localisation, mais aussi en fonction des caractéristiques du cancer concerné.

 

Explorer l’extension à distance de la tumeur

 

Les cancers possèdent fréquemment des sites de prédilection où ils métastasent (voir la dissémination des cellules tumorales) donc, selon le type de cancer auquel votre animal est confronté, on n’emploiera pas les mêmes examens complémentaires pour rechercher les métastases. De plus, certaines anomalies détectées cliniquement, ou détectées via des analyses sanguines, pourront nous orienter sur les examens complémentaires à choisir. Par exemple, une augmentation des paramètres hépatiques motivera la réalisation d’une échographie éventuellement couplée à la réalisation de cytoponctions/biopsies suivies d’un examen cytologique/histologique.

L’échographie permettra notamment de rechercher les métastases au niveau des organes abdominaux. A l’inverse, la réalisation de radiographies thoraciques permettra de rechercher des métastases pulmonaires. Le scanner permettra de rechercher des métastases au niveau pulmonaire, au niveau osseux, et dans l’abdomen. Les anomalies détectées évoquant une dissémination métastatique lors de ces examens devront, en cas de doute, être explorées pour affirmer ou infirmer la présence de métastases. Cette exploration peut faire appel à des examens réitérés pour renforcer notre suspicion et permettre l’observation de la cinétique des lésions (apparition de nouvelles masses, augmentation de taille des précédentes lésions).On peut aussi identifier la nature des lésions par un examen cytologique ou histologique. Par ailleurs, comme, certaines infiltrations par des cellules tumorales peuvent passer inaperçues aux examens d’imagerie médicale, on pourra alors être amené à réaliser des biopsies ou des cytoponctions pour réaliser des examens histologiques et/ou cytologiques sur des organes d’apparence normale.

La découverte de métastases modifie le pronostic et le traitement. Votre vétérinaire sera à même de vous expliquer l’impact du bilan d’extension sur la prise en charge thérapeutique.

 

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