Le pronostic

Evaluer un pronostic

Sur quelles bases s’appuie-t-on pour etablir un pronostic ?
Les notions de rémission et de guérison
L’évaluation de l’efficacité d’un traitement
Les données statistiques utilisées couramment en cancérologie
Comment interpréter les données pronostiques ?

 

 

 

 

Le pronostic est une estimation de l’évolution et/ou de l’issue vraisemblable d’une maladie. Il s’appuie sur l’expérience que l’on a de l’évolution usuelle de la pathologie à laquelle s’ajoutent différents facteurs qui peuvent impacter cette évolution.

 

Sur quelles bases s’appuie-t-on pour etablir un pronostic ?

 

Le pronostic ne peut être évalué qu’après la réalisation d’une démarche diagnostique complète. Il dépend de la nature de la tumeur, de son agressivité, de son extension, de la présence d’éventuelles affections concomitantes, de l’âge de votre animal, du traitement entrepris, etc.

Le pronostic sera par ailleurs redéfini en fonction de la réponse au traitement obtenue chez votre animal.

Cependant, malgré la connaissance de tous ces facteurs, il n’est pas possible de prédire avec certitude l’évolution de la maladie de votre animal. Il faut garder à l’esprit que votre animal est un être particulier, avec son système immunitaire, ses forces et ses faiblesses. Ce sont des paramètres que nous ne pouvons pas, en l’état actuel des connaissances, évaluer avec précision. En revanche, les cliniciens se réfèrent à des études établissant des données de survies afin de vous donner une idée globale de l’évolution probable de ce cancer chez votre animal.

Cependant, il ne faut jamais perdre de vue les conditions dans lesquelles les données ont été déterminées (voir plus bas : comment interpréter les données pronostiques).

 

Les notions de rémission et de guérison

 

Le terme  de guérison signifie que le cancer ne reviendra jamais et implique l’absence de cellules cancéreuses dans l’organisme. C’est un terme à employer avec précaution car, en effet, dans de nombreux cancers, des cellules tumorales peuvent persister sans que l’on puisse les détecter et sans occasionner de symptômes. Ainsi, le plus souvent, on ne parlera pas de guérison puisque le risque de récidive est toujours présent mais plutôt de rémission complète.

La rémission peut être qualifiée de partielle ou complète. La rémission partielle désigne une réduction des symptômes du cancer suite à la mise en place d’un traitement. Par opposition, la rémission complète désigne la disparition totale des symptômes.

Selon les cas, on pourra donc viser une guérison, une rémission complète ou partielle, ou une stabilisation de l’évolution du cancer.

 

L’évaluation de l’efficacité d’un traitement

 

La première question à laquelle le clinicien doit répondre est : est-ce que le traitement mis en place est efficace ?

L’efficacité sera déterminée par le pourcentage de réponse au traitement (nombre d’animaux réagissant positivement au traitement sur un total de 100 animaux traités) et l’intensité de cette réponse : c’est-à-dire une réponse soit complète, soit partielle. Une réponse partielle correspondra à une diminution de la taille de la tumeur, à un arrêt de son extension ou à une diminution partielle des symptômes ; la réponse complète désignera quant à elle l’impossibilité de distinguer cliniquement la tumeur et une résolution des symptômes.

L’efficacité d’un traitement est dans une certaine mesure prévisible (« le traitement est reconnu pour avoir une bonne efficacité dans un cas comme celui-là ») mais elle dépend aussi du caractère unique du cas, puisque tous les cancers sont différents et que l’on est incapable d’expliquer tous les comportements tumoraux.

La deuxième question à se poser est : est-ce que notre traitement est bien toléré, le chien ou le chat dispose-t-il d’une bonne qualité de vie ?

C’est cet équilibre entre l’efficacité et la toxicité du traitement qui sera recherché pour le bien de votre animal : le cancérologue adaptera les traitements aux facteurs médicaux mais aussi aux facteurs personnels de manière à prolonger la durée de survie en ayant à cœur de conserver une bonne qualité de vie pour votre animal.

 

Les données statistiques utilisées couramment en cancérologie

 

    • La médiane de survie : C’est la donnée la plus souvent utilisée. Attention, c’est une médiane pas une moyenne. C’est une donnée mathématique : si l’on dit que la médiane de survie d’un chien atteint d’un mastocytome de grade 3 est de 278 jours, cela signifie que 50% des chiens vivent moins de 278 jours et 50% vivent plus 278 jours. Parmi ceux qui vivent moins de 278 jours, certains ont pu vivre 277 jours et d’autres moins de 90 jours. Parmi ceux vivant plus de 278 jours, certains ont pu vivre 279 jours ou à l’inverse plus de 400 jours !
    • Le taux de survie globale (overall survival rate) : il correspond au pourcentage d’individus en vie après une période d’une durée définie après le diagnostic d’une tumeur.
    • La survie sans maladie (disease free survival, DFS) : elle correspond à la durée pendant laquelle survit un animal sans avoir manifesté les symptômes de son cancer, après la fin d’un premier traitement.
    • La survie sans progression (progression free survival PFS) : elle correspond à la durée, pendant ou après la fin du traitement, pendant laquelle la maladie ne s’aggrave pas.
    • Le pourcentage de récidives : il correspond au pourcentage d’animaux dont le cancer redevient détectable après une résolution clinique des symptômes faisant suite à un traitement.

 

Comment interpréter les données pronostiques ?

 

Les données sont issues d’études cliniques qui généralement donnent des résultats représentatifs d’une situation donnée. Par exemple, la médiane de survie aura pu être établie pour des animaux suivant un protocole précis de chimiothérapie, à l’inverse elle pourra avoir été établie pour plusieurs traitements sans les distinguer. Certaines études expriment des données de survies en fonction du grade, d’autres en fonction du stade clinique, etc.

Finalement, il est compliqué de trouver une étude fournissant des données parfaitement adaptées à la situation d’un chien ou d’un chat en particulier !

Il faut donc toujours tenir compte des conditions dans lesquelles ont été réalisées les études et se méfier de l’extrapolation de ces données dans un contexte clinique particulier.

Mais soyez rassurés, le vétérinaire est, fort heureusement, rompu à ce type d’analyse et sait interpréter et traduire la diversité et la complexité des études publiées sur lesquelles il doit appuyer sa démarche !