Le soutien nutritionnel de l’animal atteint d’un cancer

Le soutien nutritionnel de l’animal
atteint d’un cancer

 

Quels sont les signes de la manultrition ?
Comment évaluer la prise de poids chez son animal?
Pourquoi les animaux atteints d’un cancer
perdent du poids ?
Quels sont les recommandations nutritionnelles pour un animal atteint d’un cancer?
Comment est établi un plan nutritionnel ?
Que peut-on faire quand son animal ne mange pas ?

 

On estime qu’environ deux tiers des animaux perdent du poids au cours de leur traitement et que 15 % des animaux présentent une fonte musculaire significative. Une sous-nutrition ou une malnutrition peut, de plus, avoir d’autres conséquences moins évidentes à détecter (immunodépression, mauvaise cicatrisation des plaies, lipidose hépatique…).

Bien nourrir votre animal permettra d’accroître sa tolérance aux traitements (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie).

 

Quels sont les signes de la malnutrition ?

 

Parmi les signes cliniques de malnutrition que l‘on peut retrouver, on note :

    • Une perte de poids supérieure à 10%
    • Une anorexie
    • Un poil de mauvaise qualité
    • Une mauvaise cicatrisation des plaies
    • Une pâleur des muqueuses
    • Une fonte musculaire
    • De la léthargie
    • Des troubles gastro-intestinaux
    • Des troubles de la coagulation

Toutefois ce  sont des signes tardifs de malnutrition.

Il faudra aussi surveiller la prise alimentaire, c’est-à-dire déterminer quelle quantité d’une alimentation donnée mange votre animal, ce qui permettra d’évaluer l’apport nutritionnel par rapport à ses besoins et d’intervenir avant que les signes cliniques de malnutrition ne se mettent en place.

 

En hospitalisation, cette donnée nous permettra de comparer sa prise alimentaire avec celle à domicile et d’adapter son alimentation en hospitalisation. Ses préférences alimentaires sont aussi importantes à transmettre pour stimuler au maximum sa prise alimentaire (croquettes/pâté/sachets fraicheur/ration ménagère, nombre de repas par jour…).

.L’état corporel sera évalué en consultation ou en hospitalisation par détermination de l’état d’embonpoint et de la musculature

 

Comment évaluer la perte de poids chez Son animal ?

 

L’amaigrissement et la cachexie peuvent être évalués visuellement ainsi que par palpation (vous voyez les côtes de votre animal alors qu’auparavant ce n’était pas le cas, vous sentez mieux les reliefs osseux…).

La surveillance du poids est essentielle et vous pouvez la réaliser chez vous.

Il faut bien retenir que la perte de poids est relative au poids total et pour évaluer  l’importance de cette perte de poids chez votre petit animal, vous pouvez faire la comparaison avec votre propre poids :

Equivalent de la perte de poids par rapport à votre poids = poids perdu de votre animal/ le poids normal de votre animal multiplié par votre propre poids.

Exemple :

Votre chat pèse aujourd’hui 3.6 kg, il pèse normalement 4 kg. Votre chat n’a perdu que 400 g, cela ne semble pas très important et pourtant : si vous pesez 60 kg, cette perte de poids chez votre chat équivaut à une perte de 6 kilos pour vous !!

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Pourquoi les animaux atteints de cancer perdent du poids ?

 

Les animaux atteints d’un cancer peuvent maigrir ou devenir cachectiques pour diverses raisons :

  • Une tumeur peut gêner la prise alimentaire, comme une tumeur de la cavité orale ;
  • Un syndrome paranéoplasique peut provoquer une cachexie par modification du métabolisme (voir syndrome paranéoplasique). Les syndromes paranéoplasiques peuvent aussi être à l’origine d’une baisse ou d’une suppression de l’appétit.
  • Une baisse d’appétit peut parfois être provoquée par le traitement entrepris contre son cancer…

 

Quelles sont les recommandations nutritionnelles pour un animal atteint d’un cancer ?

 

On peut dégager plusieurs recommandations nutritionnelles pour un animal atteint d’un cancer :

      • Diminuer l’apport de sucres rapides, tels que le glucose ou le fructose qui sont des glucides simples. En effet, ces derniers seront surtout utilisés par la tumeur et l’organisme en profitera peu, favorisant ainsi la perte de poids. L’apport de glucides simples doit être inférieur à 25 % de la matière sèche (c’est à dire rapporté au poids de l’aliment déshydraté).
      • L’apport de fibres (retrouvées en différentes proportions selon le type d’aliments industriels, mais aussi dans les céréales et les légumes notamment) peut soutenir la fonction digestive et l’augmentation de leur proportion peut participer à la normalisation des troubles digestifs.
      • En raison de la dégradation des protéines induite par la tumeur, la teneur en protéines alimentaires doit être augmentée et ces protéines doivent être facilement assimilables. Un apport supplémentaire en arginine (c’est un acide aminé, on le retrouve dans la composition des protéines et par conséquent dans les viandes, les poissons,…), associé à une augmentation de l’apport en oméga 3 et en lipides, augmenterait la qualité de vie ainsi que la durée de survie chez certains animaux atteints de cancer.
      • Une augmentation de l’apport en lipides et en omégas 3 est recommandée. En effet, c’est une source d’énergie plus difficilement utilisable par la tumeur. Les omégas 3, les omégas 6 et plus particulièrement les acides eicosapentaénoïques  et docosahexaenoïque retrouvés dans certains poissons (comme par exemple dans le thon, le saumon, les sardines, les maquereaux), permettraient de limiter la lipolyse (destruction des graisses) ainsi que la dégradation des protéines favorisée par le cancer.
      • La supplémentation en antioxydants comme la vitamine E est controversée.
      • Les besoins en calories sont considérés comme augmentés. Cette augmentation totale dépend du statut de l’animal, de son état d’embonpoint et du processus cancéreux.

Enfin, il est important de bien conserver les aliments pour maintenir leurs intérêts nutritionnels et leur appétence. Il faut pour cela respecter quelques règles : ne pas dépasser les dates limites de consommation, bien refermer les sacs et sachets après distribution du repas, stocker les aliments selon leur température de conservation, stocker l’alimentation humide au réfrigérateur après ouverture, etc. Pour les aliments « anti-cancéreux » qui contiennent une supplémentation en oméga 3 et 6, éléments fragiles et facilement détruits par l’air (hydrogénation et oxydation), il faut limiter la quantité d’air en contact avec l’aliment lors du stockage. Pour les sources supplémentaires en omégas 3 et 6 (bouteilles d’huiles de poisson, gélules d’huile de poisson), on préférera les petits conditionnements (en gélule).

 

Comment est établi un plan nutritionnel ?

 

L’établissement d’un plan nutritionnel prendra en compte l’état d’embonpoint de votre animal, sa prise alimentaire actuelle, ses pertes de poids éventuelles, la présence de maladies concomitantes (insuffisance rénale, pancréatite, hyperlipidémie…), les troubles digestifs éventuellement observés, son activité, le type de tumeur l’affectant…  Par exemple, une alimentation riche en acide gras n’est pas forcément appropriée pour un animal déjà obèse et un amaigrissement chez un animal en surpoids atteint d’une tumeur osseuse au niveau des membres n’est pas forcément délétère (car cela soulagera le poids supporté par le membre atteint).

L’établissement du plan nutritionnel permettra de déterminer la quantité de nourriture et l’aliment à donner. Ce plan devra être réévalué, au besoin, en cas d’évolution des paramètres pris en considération lors de  l’établissement du plan nutritionnel (perte de poids, mauvaise tolérance de la nouvelle alimentation…). Si le type d’alimentation est modifié, alors la transition alimentaire devra toujours être progressive pour habituer, au fur et à mesure, l’animal et son système digestif à la nouvelle alimentation. La fragmentation des repas pourra aider en cas de troubles digestifs associés à la nouvelle alimentation.

Si vous désirez adapter l’alimentation de votre animal, nous vous conseillons de prendre l’avis d’un vétérinaire nutrionniste, ou tout au moins d’un vétérinaire. Cette adaptation pourra se faire soit avec des aliments industriels, soit avec des rations ménagères et, dans ce derniers cas, le recours à un vétérinaire nutrionniste est d’autant plus indispensable.

Au CHUVACde  VetAgro Sup, Lyon, le Dr Sébastien Lefebvre est à votre disposition pour établir des rations adaptées aux besoins de votre fidèle compagnon. Pour plus de renseignement ou toute prise de rendez-vous, veuillez contacter le secrétariat du CHUVAC de VetAgro Sup Lyon au 04 78 87 26 70. Le Service de Cancérologie du CHUVAC, VetAgro Sup, Lyon, travaille main dans la main avec ce nutritionniste pour accompagner votre animal au cours de sa prise en charge thérapeutique globale.

Enfin, il faudra toujours garder en tête qu’un chien ou un chat qui mange son alimentation actuelle c’est toujours préférable à un chien ou un chat qui ne tolère pas la nouvelle !

Que peut-on faire quand son animal ne mange pas ?

 

Parfois l’animal ne s’alimente pas ou pas suffisamment. Dans ce cas, différentes stratégies peuvent-être employées pour subvenir à ses besoins.

Pour se rendre compte que votre animal ne mange pas suffisamment, il faut surveiller sa consommation de nourriture (il faut mesurer la quantité journalière ingérée) afin de déterminer s’il couvre ses besoins. Nous pourrons, en cas de prise alimentaire insuffisante, fournir une alimentation plus énergétique (qui contient plus de calories pour le même volume occupé) et/ou plus appétente. Il est possible de jouer très simplement sur l’appétence en distribuant des croquettes humidifiées ou une nourriture réchauffée tiède. On peut aussi stimuler la prise alimentaire chez le chien en distribuant les croquettes en même temps que celle d’autres congénères (il mangera par compétition avec les autres !) ou donner directement à manger à la main. Si malgré ces moyens simples, il ne mange pas ou mange peu, l’appétit pourra être stimulé grâce à des substances oréxygènes qui seront prescrites au besoin par votre vétérinaire.

 

En hospitalisation, les animaux sont parfois plus stressés qu’à leur domicile, ce qui peut diminuer leur appétit. De plus, ils sont généralement habitués à un type d’alimentation en particulier.  Il est donc important pour nous de connaitre cette alimentation (croquette, pâté, ration ménagère). Occasionnellement, nous pourrons vous demander d’apporter son alimentation préférée (si nous ne la possédons pas). De même, votre présence ponctuelle et rassurante pourra aider votre animal à manger.

Si l’apport nutrionnel insuffisant persiste plusieurs jours au cours de son séjour aux hôpitaux  (plus de 3 à 5 jours d’affilés), si une perte de poids importante est observée rapidement (supérieure à 10 %  sur une ou deux semaines = 400 g sur un chat de 4 kg), si la maigreur est importante, que votre animal présente des symptômes sévères d’une malnutrition (muqueuse pâle, abattement…), ou encore que des paramètres biochimiques témoignent d’une insuffisance nutrionnelle, alors une alimentation de soutien par sonde nutritionnelle pourra être mise en place (sonde naso-oesophagienne, sonde de gastrotomie, sonde d’oesophagostomie). Dans certains cas, cette alimentation par sonde sera anticipée, par exemple à la suite d’une chirurgie digestive pendant laquelle on aura profité de l’anesthésie pour poser la sonde. Une nutrition par voie veineuse ne sera considérée que si une alimentation via l’estomac n’est pas réalisable et son utilisation en médecine vétérinaire est très peu fréquente.