La reconnaissance et la gestion de la douleur

La reconnaissance et la gestion de la douleur
de l’animal atteint de cancer

 

Qu’elles sont les différentes origines de cette douleur ?
Quels types de douleur existe-t-il ?
Comment évaluer la douleur ?
Comment traiter la douleur ?
Comment est gérée et surveillée la douleur liée à une chirurgie ?

 

 

L’objectif prioritaire lors de la prise en charge de votre animal malade par un service de cancérologie vétérinaire est la qualité de vie de votre animal. Il est donc primordial d’évaluer et de contrôler la douleur éventuellement ressentie par votre animal qui pourrait détériorer son confort de vie et son bien-être.

De plus, la douleur et le stress sont délétères et peuvent nettement impacter la guérison! Evaluer correctement et gérer la douleur éventuelle sont donc des priorités.

 

Qu’elles sont les différentes origines de cette douleur ?

 

La douleur peut-être directement provoquée par la tumeur elle-même, par l’intervention chirurgicale  ou encore par des affections concomitantes (comme de l’arthrose chez un vieux chien).

Cette douleur occasionnée par la tumeur peut être très importante! Un ostéosarcomes, ou toute autre tumeur ayant métastasé dans certains os, sont des processus très douloureux. La douleur peut être provoquée par de nombreuses tumeurs comme des tumeurs cérébrales extradurales, des tumeurs intestinales, des sarcomes des tissus mous, des tumeurs intranasales, etc.

L’acte chirurgical peut aussi engendrer une douleur opératoire et post-opératoire qui sera prévue, gérée et surveillée.

Quels types de douleur existe-t-il ?

 

On peut séparer la douleur en deux catégories : la douleur nociceptive et la douleur neurogène.

La douleur nociceptive (c’est-à-dire la douleur liée à des stimulations chimiques, mécaniques ou thermiques) est soit la résultante d’une infiltration des organes, soit la conséquence de l’inflammation engendrée par la tumeur. Cette douleur résulte de lésions des tendons, des os, de la peau, des muscles : la douleur ressentie sera qualifiée de douleur somatique. En médecine humaine cette douleur est généralement qualifiée par les patients, d’aiguë, de lancinante et de localisée. La douleur nociceptive peut aussi être qualifiée de viscérale. Dans ce cas, elle tire son origine des organes internes (les viscères) et peut par exemple être liée à une compression des organes, à leur étirement, à leur distension. Elle est ressentie par l’être humain comme une douleur profonde, mal délimitée et mal définie.

La douleur neurogène est liée à des lésions des structures nerveuses, par exemple provoquée par la compression de nerfs. Elle peut être ressentie comme une brûlure ou une douleur lancinante.

On peut attribuer différents qualificatifs à la douleur :

          • selon sa durée d’évolution : on la qualifiera d’aiguë, de chronique ou de subaiguë.

        • selon son intensité : on la qualifiera de faible, modérée ou de sévère.
        • selon sa fréquence : si elle est permanente ou intermittente.

       

      Comment évaluer la douleur ?

       

      L’évaluation et la détection de la douleur chez nos animaux de compagnie est plus compliquée que chez l’être humain. En effet, en médecine humaine on peut par exemple vous demander de noter la douleur que vous ressentez de 1 à 10.

      Le vétérinaire n’est pas toujours le mieux placé pour évaluer la douleur. C’est surtout vous, le propriétaire de votre fidèle compagnon, qui possédez un rôle central dans le renseignement de la douleur. Vous êtes le plus à même de relever les changements comportementaux car vous le connaissez tellement bien !

      C’est pourquoi votre vétérinaire vous posera des questions précises et pertinentes qui l’aideront à évaluer si votre animal est douloureux. Il ne faut pas hésiter à lui rapporter des changements d’attitude chez votre animal !

      La douleur peut donc être déterminée par l’observation de modifications comportementales. En voici quelques exemples : des changements dans la posture, une absence de toilettage (pour les chats), une modification de l’appétit ou de la prise de boisson, des gémissements, une respiration rapide, une prostration, de l’agressivité inhabituelle, un léchage des zones douloureuses, une respiration rapide, etc.

      Hormis ces modifications même minimes du comportement, votre vétérinaire s’attachera à observer des paramètres cliniques comme la mesure de la fréquence cardiaque, l’observation du diamètre pupillaire, la mesure de la pression artérielle. Nous savons que ces paramètres sont également influencés par de nombreux autres facteurs notamment le stress lorsque l’animal est hospitalisé ou examiné en consultation. Un animal peut aussi masquer des signes de douleur en présence du vétérinaire.

      Lors de la consultation le vétérinaire pourra déterminer l’intensité et suivre l’évolution de la douleur à l’aide d’une grille d’évaluation. Au service de cancérologie du CHUVAC, VetAgro Sup Lyon, en hospitalisation, nous utilisons un document rassemblant des paramètres biologiques et des modifications comportementales (élévation de la fréquence cardiaque, perte d’appétit, réponse à la stimulation de la zone douloureuse, etc.). La somme des anomalies observées est reportée sur cette grille et nous donne un score qui nous permet de classer la douleur en légère, modérée ou sévère. Selon le résultat, un traitement adapté contre la douleur sera prescrit.

      Enfin, dernière méthode pour évaluer la douleur : il est possible d’initier un traitement antalgique et observer si les symptômes qui nous ont conduits à suspecter la douleur s’atténuent ou disparaissent.

       

      Comment traiter la douleur ?

       

      La gestion de la douleur se nomme l’analgésie et elle se réalise via des molécules qualifiées d’antalgiques.

      Une fois détectée, cette douleur devra être contrôlée. Les analgésiques dispensés seront adaptés au type de douleur évalué. On pourra utiliser des anti-inflammatoires (topexaline, meloxicam, acide tolfénamique, etc.), des opioïdes (morphine, buprénorphine, tramadol) ou encore d’autres molécules de diverses classes (gabapentine, pamidronate, kétamine, etc.). Ces molécules seront utilisées selon la sévérité de la douleur car chacune possède une action antalgique ciblée.

      Ainsi, pour une douleur légère, on utilisera souvent des anti-inflammatoires alors que, pour une douleur sévère, on recourra aux morphiniques couplés ou non à d’autres molécules.

      Si beaucoup de substances sont utilisables, elles ne peuvent en revanche pas toutes vous être délivrées en raison de dispositions légales.

      Il important de ne pas réaliser d’automédication, au risque de faire bien plus de mal que de bien et de bien communiquer avec votre vétérinaire qui pourra mettre en place et adapter au fil du temps le traitement antalgique pour le confort de votre animal.

      La chirurgie peut également être employée pour soulager la douleur, par exemple, lors de la réalisation d’amputations pour retirer certaines tumeurs osseuses très douloureuses. La radiothérapie peut aussi être employée pour traiter la douleur de tumeurs osseuses douloureuses.

       

      Comment est gérée et surveillée la douleur liée à une chirurgie ?

       

      Pour gérer la douleur liée à une chirurgie, nous établissons au préalable de cette dernière des protocoles intégrant cette notion de douleur et administrons des molécules analgésiques de manière préventive. Cette douleur pendant une intervention est surveillée (par exemple, par la surveillance des paramètres cardiovasculaires comme la fréquence cardiaque ou la pression artérielle), ce qui permet de réajuster directement l’administration d’antalgiques en fonction de la douleur constatée.

      En hospitalisation, que ce soit après une opération ou dans un autre contexte, la douleur est également surveillée et gérée.